Accompagner les salariés en temps de crise : pourquoi la communication est essentielle.

Dans un monde où les crises se multiplient – qu’il s’agisse d’attentats, de crises sanitaires, économiques, de conflits ou de catastrophes naturelles –, les entreprises doivent constamment s’adapter et soutenir leurs collaborateurs. Lorsque ces événements surviennent, des conséquences humaines et économiques importantes peuvent apparaître.
Dès lors, dans un environnement macro-et micro économique aussi axiogène, comment accompagner efficacement les équipes touchées ? Comment aider les managers à gérer l’urgence et ses répercussions ? Comment rassurer le salarié tout en conservant sa productivité ?
Quand une entreprise doit faire face à un évènement grave, son fonctionnement ainsi que le quotidien de l’ensemble des collaborateurs s’en trouvent inévitablement affectés. Son impact ne se limite pas à l’individu, il touche aussi l’ensemble du collectif de travail, créant un climat d’incertitude et de vulnérabilité. Lorsqu’un tel choc se produit sur le lieu de travail, l’effet est d’autant plus marqué, car l’espace professionnel, habituellement perçu comme un cadre stable et sécurisant, devient soudainement synonyme de stress et de danger. Pour éviter une désorganisation durable, il est essentiel de mettre en place un accompagnement adapté, capable de répondre aux besoins émotionnels et opérationnels des équipes.
La vie professionnelle est loin d’être un long fleuve tranquille ; tout comme la vie personnelle. Dans la grande majorité des cas, notre incroyable faculté d’adaptation nous aident à affronter et surmonter ces situations génératrices de stress. Toutefois, il est des événements exceptionnels, comme des catastrophes naturelles, des accidents graves ou des crises économiques majeures qui peuvent avoir un impact bien plus profond. Ce type de choc psychologique se distingue par trois aspects majeurs : l’effet de surprise, la confrontation à un danger menaçant l’intégrité physique ou mentale, et la sensation d’impuissance face à la situation. Ces facteurs combinés peuvent entraîner des réactions intenses qui nécessitent une prise en charge spécifique pour éviter des répercussions à long terme.
Les effets se manifestent généralement assez rapidement. Certains collaborateurs peuvent manifester des signes de stress aigu : perte de repères, détachement émotionnel, troubles de la concentration ou encore anxiété. Par exemple, après un accident grave sur un site de production, des ouvriers peuvent hésiter à retourner sur leur poste de travail, par crainte qu’un incident similaire ne se reproduise. Un cadre ayant assisté à un braquage dans une agence bancaire pourrait, quant à lui, développer une méfiance excessive envers les clients et ressentir une appréhension constante dans son environnement professionnel. Sans parler des chauffeurs de bus quotidiennement confrontés à la violence et l’agressivité de certains usagers. Hormis le droit de retrait que la profession peux exercer pour manifester son soutien et ses craintes, les traumatismes n’en sont pas moindre.
Si ces symptômes persistent au-delà d’un mois, on parle alors de stress post-traumatique, qui peut engendrer des insomnies, des crises d’angoisse, des phobies ou une instabilité émotionnelle. Par exemple, un employé ayant survécu à un incendie sur son lieu de travail pourrait développer une peur irrationnelle des alarmes incendie ou de toute odeur de brûlé, rendant son quotidien professionnel particulièrement difficile. Pour prévenir ces troubles, il est essentiel de mettre en place un accompagnement psychologique adapté, qu’il s’agisse de séances individuelles avec un psychologue du travail ou d’espaces d’échange collectifs permettant aux salariés d’exprimer leur ressenti. Des entreprises ayant été confrontées à des événements tragiques, comme des attentats ou des catastrophes naturelles, ont mis en place des cellules d’écoute et des programmes de résilience, permettant aux équipes de se reconstruire progressivement et de retrouver un sentiment de sécurité.Une communication transparente et adaptée
Dans toute crise, la communication est une priorité. Les salariés ont besoin de clarté et de transparence pour ne pas se sentir laissés dans l’incertitude. Le dirigeant doit être en mesure d’expliquer l’événement, son impact et les mesures mises en place pour sécuriser l’environnement de travail.
Face à une crise, les collaborateurs passent généralement par plusieurs phases : le choc, le déni, l’incompréhension et enfin la recherche d’échanges. Il est donc essentiel d’organiser rapidement des temps d’écoute et de partage pour éviter que la situation ne crée une paralysie au sein de l’entreprise. L’objectif est de rassurer en répondant aux inquiétudes légitimes des équipes : « Suis-je en sécurité ? Que va-t-il se passer ensuite ? ». Donner du sens aux événements et favoriser l’expression des émotions est indispensable pour permettre à chacun de retrouver ses repères.
Prenons l’exemple d’une entreprise qui a dû faire face à une cyberattaque majeure paralysant son activité pendant plusieurs jours. Dans un premier temps, les dirigeants ont immédiatement communiqué sur la nature de l’attaque, les impacts et les mesures mises en place pour sécuriser les données. Ensuite, des réunions régulières ont été organisées pour répondre aux interrogations des salariés et éviter les rumeurs, ce qui a permis de restaurer la confiance et d’accélérer la reprise d’activité.
Par ailleurs, l’entreprise doit veiller à communiquer en interne avant que des informations ne circulent à l’extérieur. Les salariés sont les premiers ambassadeurs de l’entreprise : ils doivent être informés en priorité pour éviter tout sentiment de mise à l’écart. Cette communication ne doit pas s’arrêter à l’instant de crise, mais se poursuivre sur le long terme afin d’accompagner progressivement la reconstruction.
Se préparer à l’avenir
Après la phase de gestion d’urgence, il est essentiel pour l’entreprise de tirer des enseignements de la crise. Comment améliorer les dispositifs en place ? Quelles actions correctives peuvent être mises en œuvre pour mieux anticiper et gérer de futurs événements ?
Par exemple, une entreprise confrontée à une inondation ayant rendu ses locaux inaccessibles pourrait mettre en place des solutions de télétravail, revoir ses assurances et former ses équipes à la gestion des risques climatiques. Ces actions permettent non seulement d’améliorer la résilience de l’organisation mais aussi de renforcer la confiance des collaborateurs dans la capacité de l’entreprise à les protéger.
L’organisation doit ainsi démontrer qu’elle a pris la mesure de la situation et qu’elle mettra tout en œuvre pour éviter que cela ne se reproduise. Cela passe par des plans de prévention, la mise en place de procédures de gestion de crise plus efficaces et une formation accrue des managers pour leur permettre de mieux réagir face aux imprévus.
Les crises économiques constituent une autre forme de bouleversement majeur pour les entreprises et leurs employés. Prenons l’exemple du secteur automobile, qui a traversé des périodes de récession marquées par des baisses drastiques des ventes et des fermetures d’usines. Face à ces situations, l’angoisse des salariés est palpable : vont-ils conserver leur emploi ? L’entreprise peut-elle survivre à cette crise ?
Dans un tel contexte, il est primordial pour les dirigeants de mettre en place une communication rassurante et de proposer des solutions concrètes pour accompagner leurs collaborateurs. Cela peut passer par des dispositifs de formation pour permettre une reconversion interne, des mesures de chômage partiel négociées avec les partenaires sociaux, ou encore un accompagnement psychologique pour gérer l’incertitude et l’anxiété.
Un exemple concret est celui d’un grand constructeur automobile qui, lors de la crise de 2008, a choisi d’investir massivement dans la formation de ses employés pour les préparer à la transition vers les véhicules électriques. Ce choix stratégique a permis non seulement de sauvegarder des emplois, mais aussi de préparer l’entreprise aux défis futurs en innovant dans un secteur en pleine mutation.
Bien gérer une crise ne consiste pas seulement à réagir dans l’urgence, mais aussi à accompagner les salariés sur la durée et à adapter l’entreprise aux défis de demain. Un environnement de travail où la communication est fluide, où l’accompagnement humain est une priorité et où l’anticipation est au cœur de la stratégie permettra aux équipes de surmonter ces épreuves et d’en ressortir plus résilientes.
Genesys – 29/03/2025